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1Monsieur, ceste sera en response des votres du XXVIe du passé, du
2VI, du III et XIII de décembre qu’ay receu en ung mesme jour.
3Ce pourteur vous dira assés ce qu’il ha obtenu de forsses pour votre
4gouvernemant et comment monsieur de Sauve se fait ouir s’y
5estre emploié comme il est certein. Je n’en ay aucunement
6parlé à ce coup, y ayant si devant fait l’instance que vous ay
7assés par mes précedantes escript. Monsieur de Chastelart est
8en opinion qu’avec une recharge, vous pourrés avoir les autres
9desdites compagnies. Il y a quelques jours que vous letres de
10don de Granes sont sur le sceau, mais monsieur le président
11n’a cellé despuis quelques jours à cause de sa maladie
12et sa fame dont elle est morte despuis deux jours.
13Si ne les recepvés à ceste comodité ; se sera par la
14première. Pelin en ha heu XXV pistol et s’adressent
15à messieurs des comptes de Grenoble ; comme aurés jà
16sceu par mes dernières de la continuation du voiage
17de La Rochelle et Monseigneur a résolu son partement
18le lendemain des Rois. Nous sommes après à nous accomoder
19pour icelluy, comme entendrés par mon nepveu de Laval,
20lequel a receu la lettre de banque pour mille IIIc livres
21et ne s’en servira qu’avec soin ; et prévoy bien bien que ce
22sera avant mon partement d’icy, car nous desvons désià
23bien bas et si prétans emprunté enquores Vc escus
24pour moy de monsieur de L’Isle qui me les a proumis.
25C’est pitié de la despance qu’il fault faire et
26n’estoit ce voiage que ne puis honnestement évité,
27je heusse commancé à pancer à la retrète. Je
28n’ay rien receu pour monsieur de La Roche et m’est
29d’heu XVc livres de ma pencion que monsieur de Roisse fait
30difficulté de paier pour quelque pièce que
31j’atans d’heure à autre de la Chèse-Dieu
32que lui doibs fournir ; néanmoins, je jouit paisiblement.
33Quoy que nous pregions, mon nepveu et moy, cella
34n’augmentera en rien mes despances. Je suis
35après à la poursuite d’estre paié de mille
36livres que le roy m’avoyt sidevant donné et de mon
37estat de la chambre et la roine mère du roy
38m’avoyt donné quelque espéranse, mais sur cella
39elle est très malade d’ung caterre sur une joue,
40comme entendrés par ce pourteur et la blessure du roy
41[v] sur ung bras par ung gentilhomme allemant appellé Chélègue
42cuidant frappé ung sanglier aux toiles. Dieu mersi, il
43est presque guéry et despuis veu ledit Chélègue, bien que
44le roy dit tout hault qu’il ne luy veult non plus de mal
45qu’à soi mesme ; mesmes quand il se sentit blessé,
46il dit que c’estoit lui-mesme qui c’estoit fait mal,
47creignant que ceulx des gardes qui estoient hors des
48toiles ne chargassent ledit Chélègue. Je ne suis
49pas d’advis de demander seulement les quatre mois
50qui vous resteroint à paier de ceste année, mais de ce
51qui vous est dheur du passé, en demander assignation
52au commencement du mois d’année procheyne, à quoy je
53donnroi la première poincte avant que partir et
54monsieur de Chastellart solicitera le reste
55et espère en aurons pied ou elle estant bien marry
56que l’ons ne peusse quelque chose de meilheur pour vous.
57Il y en ha qui hoint opinion que les affaires de La
58Rochelle s’accomoderont à l’amiable, avant que Monseigneur y
59arrive et pour ces effait, monsieur de La Noe est
60dedans, auquieul l’ons ne refuse de sortir comme
61l’on avoit fait bruit. La peur que j’ay que (tout
62asteur) ne nous arrive me contreint en faire
63très humble requeste à Dieu. Les troupes des
64gens de pied en aprochent désià fort et soint messieurs
65de Biron, de Destroz campés et retranchés à demy-
66lieue près en ung vilage. L’ons tient ici
67monsieur de Montpesat pour mort de maladie, ausy
68est monsieur de Malfi, gouverneur de Montreuil.
69Les compagnies d’homes d’armes soint données aux
70sieurs d’Entragues l’eisné et d’Humières, le
71gouvernement estoit vivant le père donné à son
72filz. Il ne se parle poinct ici du retour de
73monseigneur le prince-dauphin et croyne bougera de chés
74luy que pour La Rochelle. L’ons ne s’est pas beaucop
75soucié ici de ce que n’est allé de pardella.
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77Je ne vous ay escript du partement de monsieur Belièvre pour la
78Suisse et y a peu de jours qu’ay sceu que monsieur le
79président son frère estoit mandé pour y allé.
80L’ons parle ici diversement de la levée
81et des affaires d’Angleterre et monsieur de
82Manissères ne fait que revenir et samble que les
83Anglois aient envie de favoriser ceulx de La Rochelle
84au bruit qui encourt. Si avant le partement de ce
85pourteur en aprens plus certeines nouvelles, vous
86en donnerai advis, comme au fait de notre voiage
87à Chantilhi où avons esté bien receus. Il ne
88se parle pas que le seigneur en parte et sa
89maiesté ne s’en soucie guières. Mamdame de
90Montmorency est en ceste court, malade despuis
91quelques jours, qu’est ce que je vous puis escripre,
92vous ayant assés fait entendre comme
93me samble se doibt desmeller le fait de
94St Sernin et atans d’heure en autre
95nouvelles et en mon absence, vous pouvés assurer
96que monsieur de Chastellart instruit de vous
97y faire debvoir. Excusés, je vous prie, ma
98mauvaise letre et me tenés s’il vous plait
99en vos bonnes grâces, ausquelles
100très humblement me recommande et prie Dieu vous
101donner
102monsieur en santé, heureuse et longue vie.
103De Paris, ce XXIIIIe décembre 1572.
104Vostre à jamais très humble et
105très obéissant frère
106de Simienne
107Je ne scay si aurés lettres de monsieur Besson ni de
108mon nepveu. Son de plus luy et ses compagnons sont,
109Dieu grâces, en bonne santé.
110Il est bien certein que l’ons
111n’aura guières ou de tout point
112besoing de grans chevaux à La
113Rochelle, s’ils n’hont secours que d’Angleterre ausy
114que des gens font estat y en amener oultre que mal eysément les y
115nourrir tous à XII lieues où tout est mangé.